Une brèche...

Comment fait-on quand on nous a toujours dit que l'on était tout et que l'on nous a toujours traité comme si l'on était rien?

Un rien utilitaire souvent, que l'on exploitait.
Un rien a maltraiter si l'on estimait qu'il avait fait une chose répréhensible.

Pourquoi l'on n'a pas pris en compte que le rien dont on usait, était en fait un être humain qui souffrait de ce qu'il subissait.
Pourquoi on ne s'est pas dit que les conséquences en seraient lourdes, longues et douloureuses.
Un être humain même réduit à rien, a des sentiments.
Pourquoi on a façonné cet être humain afin qu'il corresponde à l'image que l'on souhaitait faire de lui.
Pourquoi l'on a pas donné l'opportunité à ce rien de s'exprimer.
Pourquoi on l'a laissé dépérir sans ce préoccuper de son ressenti, du vécu que l'on constituait en lui.
Pourquoi l'on enfermait ce rien dans le noir sous terre de longues heures sans âme qui vive au alentour tel un vulgaire sac de noix que l'on range quand il dérange.
Pourquoi on l'a empêché de devenir un être à part entière.
Pourquoi les gestes n'ont jamais rejoint la parole, si l'on était réellement tout alors pourquoi on le traitait comme un rien.
Pourquoi l'on ne comprend pas aujourd'hui que ce rien qui est un tout souffre et observe des difficultés a avancer comme les autres.
Pourquoi l'on regarde ce rien en se demandant comment cela se fait-il qu'il soit diffèrent des autres.
Pourquoi on ne se rend pas compte que ce rien continue d'agir comme s'il n'était rien car on ne lui appris que cela.
Pourquoi on ne comprend pas que ce rien vit avec ce qu'il est devenu de ce fait.
Pourquoi l'on ne constate pas que ce rien voudrait être un tout mais ne sait comment ce faire.
Pourquoi on ne réalise pas que ce rien deviendra un tout lorsqu'il aura enfin digéré l'idée qu'il n'est pas rien, tant qu'il n'aura pas fait le deuil de ce qu'on lui a infligé sans vergogne des années durant.
Pourquoi on continu de le presser comme un citron, impatient qu'il devienne un tout maintenant qu'il sait si bien agir comme un rien.
Pourquoi on ne laisse pas grandir ce rien, le laissant avec le temps, apprendre à vivre tel un tout, lentement, progressivement.
Pourquoi ce rien pleure encore comme l'enfant qu'il était mais uniquement quand les regards sont détournés de peur qu'il voit l'ampleur des dégâts induits.
Pourquoi ce rien croit toujours qu'il va, à tout moment, ce retrouver dans l'obscurité, enfermé comme dans le temps.
Pourquoi ce rien se puni encore comme si le temps s'était arrêté.

Un rien qui aurait du être un tout depuis le début, mais qui apprend à le devenir une fois grand.